Les instruments du gouachiste

Publié le par technique.gouache.over-blog.com

 

3337866563_3c438c3b9a.jpgS'il n'est pas d'exclusive dans le choix des outils, les fabricants n'en proposent pas moins un vaste éventail d'instruments, accessoires indispensables ou superflus consacrés par l'usage. Un matériel dont dépend très largement qualité et confort de travail, avec d'un côté les instruments nécessaires à l'application des couleurs, de l'autre les outils aidant à la mise en oeuvre de la gouache.

 

 

 

1 - Instruments d'application 

 

Les pinceaux

 

     Du choix du pinceau dépend très largement la facilité d'exécution et le type d'application. Une gamme de six ou sept suffisent toutefois au peintre débutant pour s'essayer aux effets les plus divers : pleine pâte, empâtements, frottis. Reste encore à  s'entraîner, sachant que chaque outil trouve son utilité selon la nature et l'échelle du support choisi, selon la chronologie des étapes et le mode d'application des couleurs.

 

Formes

     On distingue généralement trois grandes formes de pinceaux, les ronds plus ou moins pointus, les plats et les brosses.

La brosse se distingue du pinceau par une qualité de soie plus rigide et une touffe non pointue. On la réserve surtout aux applications vigoureuses et en étendues, aux effets d'empâtements et de frottis.

Le pinceau se différencie de la brosse par l'élasticité et la finesse des soies. On utilise indifféremment, selon l'effet désiré et l'importance des surfaces peintes, des pinceaux à sections plates ou rondes. Les pinceaux plats conviennent surtout aux applications en étendue et aux effets de touches. Les pinceaux ronds favorisent au contraire les fondus ainsi que, pour les plus pointus, l'exécution des détails les plus fins et les plus déliés : accents et lignes continues. La forme idéale de ce genre de pinceau répond au schéma suivant : une sortie assez longue mais sans excès, une légère renflure de la garniture, une pointe effilée. Une telle structure est destinée à lui donner corps et nervosité afin d'appliquer la couleur avec force et souplesse.

 

Soies

     Outre la forme de l'instrument, la qualité des soies joue un rôle primordial. Pour les brosses, les soies de porc sont en raison de leur dureté et de leur flexibilité, les plus appréciées. Les poils utilisés pour le montage des pinceaux offrent généralement des qualités très variables dont on apprécie les différents effets selon les phases d'exécution. Disons plus généralement que les fibres les plus épaisses apportent force et élasticité, alors que les plus fines améliorent les capacités de rétention des couleurs. Les plus couramment utilisées sont, de nos jours, le poil de martre et de petit-gris auxquels s'ajoute depuis peu les fibres synthétiques.

- La martre: élastique et nerveuse la martre constitue le pinceau idéal pour les accents, détails et déliés du trait. La qualité la plus recherchée est le poil de la queue de la martre sibérienne connue sous le nom de Kolinski. Les fabricants proposent également des mélanges de martre et de fibres synthétiques qui, sans atteindre les performances de soies naturelles, offrent néanmoins d'excellents résultats pour un rapport qualité/prix intéressant.

- Le petit-gris (poil d'écureuil) : de par sa souplesse et une excellente capillarité, le petits-gris est particulièrement apprécié pour le travail des grandes teintes et les applications en superpositions. Citons surtout le coloriste ou mouilleur pointu (Raphaël, série 803) dont la capacité d'absorption, la souplesse et la finesse de pointe s'adaptent merveilleusement aux techniques humides : dégradés, dilution des masses et touches fondues. Pour les surfaces importantes, celui-ci doit pouvoir contenir beaucoup de matière afin d'éviter de fréquentes reprises. Un pinceau plat peut être éventuellement requis pour couvrir des zones régulières ainsi que pour le tracé des lettres.

- Fibres synthétiques: les fabricants ont, depuis quelques années, développés une gamme d'instruments composés de fibres synthétiques qui, sans offrir les qualités de soies naturelles, trouvent néanmoins leur emploi. Solides et résistants, ils conviennent pour la plupart à l'ébauche des grandes masses, voire, pour les gammes supérieures, aux travaux de finition.

     Nous déconseillons en revanche les poils de poney dont l'extrême mollesse n'autorise nullement une application soignée des couleurs.

 

photographie en attente 

En haut, pinceau en soie de martre Kolinsky. A noter la finesse de la pointe et le léger renflement de la touffe.

En deuxième position, pinceau à lavis en soie de petit-gris, dit aussi coloriste ou mouilleur pointu.

En troisième position, brosse en soie de porc.

En bas, spalter en soie de porc. 

 

 

Calibre

Quelle que soit l'instrument utilisé, il va de soi que la grosseur de la touffe doit être proportionnée à l'échelle du support et à l'étendue des teintes que l'on applique. Un gros, un moyen et un petit, font, pour chaque catégorie de soies, amplement l'affaire

     Remarque : la plupart des fabricants ont développé, au cours des décennies voire des siècles, leurs propres appellations, classifications et systématiques. Il n'existe de ce fait aucune norme nationale ou internationale permettant d'évaluer la taille exacte des pinceaux à partir de leur numéro. Retenons cependant que la numérotation va croissante à mesure que la touffe augmente en volume.

 

Tenue du pinceau

     Si la qualité des soies influe sur la nature de l'application, la tenue du pinceau n'est pas moins importante. De manière générale plus forte est la pression exercée sur le manche, plus dure, plus raboteuse est la touche, plus épaisse est la ligne. A l'inverse, un pinceau tenu plus légèrement assouplit et affine le touché. Pour les détails les plus fins, alléger la pression exercée sur la hampe en écartant légèrement les doigts et  en maintenant la pointe du pinceau (martre ou petit-gris) perpendiculairement au support de manière à ne pas écraser les soies, ce qui a pour effet d'alourdir l'application.

 

Entretien des pinceaux

   En fin de séance, laver soigneusement les pinceaux à l'eau tiède et savonneuse de façon à  éliminer toutes les traces de peinture de la pointe jusqu'à la virole. Les rincer puis les secouer pour faciliter le séchage. Les essuyer ensuite sur un  chiffon propre et absorbant. Pour finir, leur redonner forme du bout du doigt voire, pour les soies les plus récalcitrantes - généralement les synthétiques - en les agglutinant avec du blanc d'oeuf.

          Conserver ensuite les pinceaux dans un pot, la tête vers le haut, pour ne pas en déformer la touffe à moins qu'on ne préfère les ranger dans un étui. Dans ce dernier cas, attendre que les poils soient parfaitement secs. On écarte ainsi tout risque de moisissure.

 

 

Autres instruments d'application

 

- Les couteaux à peindre font également partie de la panoplie du gouachiste. Utilisés de manière exclusive ou locale, ils sont appréciés pour certains effets de texture et d'empâtement. Ils permettent, selon la forme et la longueur choisie,  d'étaler les grandes teintes du ciel ou d'animer par a-coups les frondaisons, de lisser comme de faire vibrer la teinte.

 

numérisation0004-copie-1Georges Albert, Promenade, gouache sur carton, coll. privée. Exemple d'application aux couteaux. A noter les empâtements du ciel et des frondaisons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- L'aérographe ou pinceau à air se prête volontiers à l'application de la gouache. Le plus difficile est de bien diluer sa couleur de façon à parvenir au bon degré de consistance  : trop fluide elle se vaporise en minuscules gouttelettes sur le support ; trop épaisse, la projection peut être granuleuse et former une couverture irrégulière.

     Bien maîtrisé, l'aérographe autorise une gradation de tons parfaitement uniformes ainsi que le dégradé de plusieurs couleurs qui se mêlent l'une à l'autre sans ruptures perceptibles. Du modelé des chairs aux aplats, en passant par les lignes et détails les plus fins, tout est possible ; l'artiste variant bien sûr le débit du médium selon l'effet souhaité et l'importance de la surface couverte. Dans la plupart des cas, diriger le jet perpendiculairement au support.
     La méthode classique de nettoyage consiste à vaporiser de l'eau en bouchant soigneusement l'embout ou le pistolet de l'appareil. Les dépôts de peinture accumulés dans la tuyauterie refoulent ainsi jusqu'au réservoir. Répéter l'opération jusqu'à obtenir une vapeur parfaitement incolore. Si un peu de couleur résiste à la pression de l'eau, la buse ou le godet sont mis à tremper avant d'être abondamment rincés.

 

- La brosse à dents peut être comparée dans ses effets à l'aérographe, autorisant une vaporisation et une projection de la couleur en manière de pluie. Plus difficile à manier qu'un aérosol ordinaire, elle a, en l'absence d'un jet directionnel, tendance à projeter en tout sens. A défaut de permettre un travail très localisé, elle  présente l'avantage de pouvoir s'adapter à la projection de matières variées, des plus fines aux plus épaisses.

     Dans tous les cas, protéger, lors de l'application, les zones que l'on souhaite réserver, en les couvrant d'une feuille de papier ou autre cache. Veiller à ce que celui-ci recouvre bien la réserve, quitte à le maintenir avec un poids, pour éviter que la projection ne chasse en dessous.

 

numerisation0002-copie-2.jpgEffet obtenu par projection de couleurs jaune et verte à la brosse à dents, sur fond rouille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Plume et tire- lignes:  pour des tracés réguliers, plumes et tires-lignes sont exceptionnellement requis. Le médium employé peut être alors une encre de Chine ou une gouache fortement diluée.

 

- Rouleau de mousse : les fabricants proposent à l'usage du peintre de petits rouleaux composés d'un axe métallique et d'un manchon de mousse. Ces instruments permettent la couverture uniforme de grandes surfaces qui, selon la texture du manchon, la couleur appliquée ou la surface du support, seront lisses ou légèrement grenues. Pour certains effets spéciaux et des surfaces plus conséquentes, rien ne s'oppose à l'utlisation de rouleaux réservés à la peinture en bâtiment.

     Pour une application facile et régulière tremper d'abord son rouleau dans un bac de couleur ni trop fluide, ni trop épaisse de façon qu'elle imprègne uniformément le manchon, sans goutter, ni baver. Après quoi rouler le cylindre contre le support en exerçant une pression régulière sur le manche. Pour un aplat sans raccords, faire se chevaucher légèrement les bandes de couleurs formées par l'empreinte du mousse.

     Avec une peinture épaisse le rouleau crée, à l'inverse,  une texture caractéristique qui peut être exploitée pour différents effets.

Détail important : vérifier lors de l'achat que le manchon tourne parfaitement autour de son axe, sans quoi il demeure inopérant.

 

- L'éponge : surtout destinée au mouillage des surfaces, l'éponge peut également servir d'instrument d'application. Imbibée de couleur elle suffit à couvrir de grandes masses vibrantes. On l'utilise parfois en manière de tampon, par pression superficielle sur le support. Les éponges naturelles sont les plus appréciées pour ce genre d'effets. Pour des couvertures très localisées, couper son éponge en morceaux.

 

- La règle: sans pouvoir se ranger, à proprement parler, dans la catégorie des instruments d'application, la règle peut néanmoins servir comme précieux auxiliaire. Elle a pour double avantage d'aider au tracé de lignes droites et de délimiter, si nécessaire, des zones d'application précises.

     Pour le tracé de lignes droites, placer la règle à l'endroit choisi et la maintenir vigoureusement d'une main pour éviter que la couleur ne chasse en dessous. Faire alors glisser de l'autre main  le pinceau le long de l'instrument. Il est impératif de travailler avec un pinceau souple et pointu, genre martre, chargé de couleurs ni trop épaisses, ni trop coulantes. En modifiant la pression exercée sur le pinceau, le peintre module aisément l'épaisseur du trait.

 

 

2 - Matériel de préparation

 

La palette

     La palette du peintre se présente généralement sous forme de plaque de faïence ou de plastique creusée ou non de godets. En réalité de simples assiettes à jeter, de préférence en plastique, font amplement l'affaire. 

     Quelle que soit l'option choisie, il est soutaitable de ne pas rincer ou nettoyer sa palette avant l'achévement du tableau. La gouache ayant la propriété de se dissoudre même après avoir séché et durci, il est possible de récupérer ses teintes pour des reprises ou retouches.

       Rappelons enfin que si la palette sert à préparer et à expérimenter les mélanges, le seul moyen de se faire une idée précise de la teinte en application, est d'abord de la tester sur un support d'essai.

 

Entretien

     Les plaques de faïence et de plastique se nettoient aisément d'un coup d'éponge. Toutefois si la couleur demeure incrustée - notamment sur le plastique - frotter avec un tampon de ouate imbibé d'une huile de table jusqu'à totale disparition des taches. Laver pour finir avec un peu de savon ou de détergent ménager, puis rincer à grande eau.

 

Répartition des couleurs

     La disposition des couleurs se fait selon les convenances matérielles du peintre. Nous conseillons cependant, pour modeler rapidement et sans reprises une même figure, de préparer une quantité suffisante de couleurs, depuis les valeurs de l'ombre à celles de la lumière, soit du sombre au clair ou inversement.

     On retarde le phénomène de dessiccation, en mouillant sa couleur d'un peu d'eau.

 

Récipients pour l'eau.

     Qu'on utilise un verre de cristal ou un vulgaire pot de yaourt, il est toujours préférable de séparer, en deux récipients distincts, l'eau de dilution qui permet de mouiller la couleur et l'eau de rinçage que l'on réserve au nettoyage des pinceaux.

 

 

 

 

 

 

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