La gouache et ses supports

Publié le par technique.gouache.over-blog.com

4657004253_8a1ef36230.jpgÉtoffe, brique, ardoise, galet, parchemin, ivoire ou plâtre...il n'est pas de support spécifique à la gouache pourvu que la surface en soit propre et non grasse, légèrement absorbante et poreuse. De par ses qualités plastiques, sa solidité et la modicité des prix, le papier est aujourd'hui le subjectile le plus apprécié et comme tel employé

 

 

1 - Les papiers et leurs caractéristiques

 

Le pouvoir absorbant

     Selon la quantité de colle utilisée pour la fabrication des pâtes et l'encollage de surface, le papier peut être plus ou moins absorbant. Les feuilles les moins encollées sont généralement les plus spongieuses et de fait tendent parfois à emboire la couleur. A l'inverse, les feuilles les plus encollées sont moins perméables aux couleurs. Elles ont pour avantage de garder plus facilement la trace du pinceau et l'éclat du pigment. Eviter alors des applications trop épaisses qui, faute d'adhésion, accrochent difficilement.

    On juge facilement de la qualité d'un encollage en traçant sur le papier plusieurs traits à la plume chargée d'encre. Des traits définis et précis sont l'indice d'un fort encollage, la diffusion de l'encre dénote une qualité contraire.

     Mais quelle que soit la qualité du papier dont il dispose, le peintre conserve la possibilité d'agir sur les qualités réceptives de sa feuille. L'abrasion superficielle du papier par un léger ponçage (papier abrasif grain fin n° 600) favorise ainsi une meilleure pénétration du pigment ; ce qui se traduit optiquement par un contraste et des lignes adoucis. Autre possibilité : laver le papier à l'eau chaude pour retirer l'apprêt de surface. Le papier peut être alors utilisé mouillé pour des effets diffus ou après séchage si l'on souhaite y garder l'empreinte du pinceau. On peut, à l'inverse, réduire le pouvoir absorbant de sa feuille par un léger encollage.

 

Les textures

La texture du papier n'est pas indifférente. On en distingue généralement de trois sortes : à gros, à moyen et fin grains et les papiers satinés à surface lisse. Ces différents états de surface conditionnent, en partie, le mode d'application des couleurs et les effets qui s'ensuivent.

     Les gros grains se  prêtent indifféremment aux applications fines ou épaisses. Employée sous forme de jus ou de lavis, la couleur se concentrant dans les creux, révèle, à la manière de l'aquarelle, l'irrégularité du support. On en apprécie l'effet dans le traitement des surfaces irrégulières et vibrantes. L'autre avantage d'un papier fortement tramé est d'accrocher la pâte, autorisant dès lors les matières d'empâtement, sans risque de voir la couleur s'écailler. On les recommande également pour l'usage du frottis.

     Grains fins et papiers lisses sont, pour leur part, mieux adaptés aux couvertures fines et régulières. L'artiste joue de la légère granulation des premiers pour traduire certains effets poudreux comme l'aile de papillon, la peau de pêche ou le velours. Les papiers satinés conviennent davantage aux surfaces lisses et aux travaux exigeant finesse et détails.

 

Grammage

           Calculé sur le nombre de grammes au mètre carré, le poids du papier indique une épaisseur d'autant plus forte qu'il pèse lourd. On choisit tel ou tel grammage selon la nature du sujet, le format et la détrempe du support. Sachant que les feuilles les plus légères se déforment aisément à l'humidité, le mieux est de  retenir celles supérieures à 185 g. Au-delà de 300 g. les papiers ont en revanche tendance à casser, marquant facilement en surface. Il va sans dire qu'on accorde l'importance du grammage à la taille du support. A grand format, papier fort, à petits sujet, papier léger.

 

Formats standards des papiers

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Carte postale ou A6                            14, 8 x 10 cm

1/8 Coquille                                           21 x 13 cm

1/8 Raisin                                              24 x 16 cm

A4                                                            21 x 29, 7 cm

1/8 Jésus                                              18 x 27 cm

1/4 Coquille                                           21 x 27 cm

1/4 Raisin                                              24 x 32 cm

A3                                                            29, 7 x 42 cm   

1/8 Grand Aigle ou 1/4 Impérial         30 x 40 cm

Coquille                                                  44 x 56 cm

1/2 Impérial                                            40 x 60 cm

A2                                                             42 x 59, 4 cm

Raisin                                                      50 x 65 cm

Grand Raisin                                          52 x 71 cm

Jésus                                                       56 x 76 cm

Impérial                                                   58 x 78 cm

Grand Jésus                                           60 x 80 cm

Industrie ou A1                                        72 x 112 cm

A0                                                               84, 1 x 116, 9 cm

Grand Monde                                           80 x 120 cm

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Acidité

     La nature des matériaux employés dans la fabrication des pâtes (pourcentage de chiffon et de cellulose), la nature de l'encollage (a base d'alun ou de carbonate de calcium) ou l'utilisation d'agents blanchissants (chlore ou azurant optique) neutralisent ou renforcent l'acidité du papier.

     Seuls les papiers fabriqués sans acide, c'est-à-dire à ph neutre, offrent l'assurance d'une meilleure conservation. Le numéro de ph (abréviation de potentiel hydrogène) définit la concentration d'ions d'hydrogène, indiquant ainsi l'acidité, la basicité ou la neutralité d'un papier. Celui-ci est acide si son ph est inférieur à 7, neutre s'il répond à ce numéro et basique au-delà, sachant que l'on mesure le ph sur une échelle comprise de 0 à 14. Il importe donc de vérifier ou de faire préciser ces indications qui sont, pour l'oeuvre, une garantie de résistance et de longévité.

 

 

2 - Préparation du support

 

   Selon le degré de détrempe des couleurs (lavis ou jus de gouache) et la résistance du support à l'hygrométrie, l'usage du papier requiert certaines précautions d'emploi. Afin d'éviter la déformation lors de l'application des couleurs, les feuilles les plus légères (en dessous de 185 g.) nécessitent généralement d'être tendues. Au delà de 300g, l'opération s'avère rarement nécessaire, à moins d'employer des teintes fortement diluées.

 

Tension sur planche

     Prévoir à cet effet une planche de taille légèrement supérieure au dessin et suffisamment solide pour supporter sans gauchir les contractions du papier : une planche de latté ou de contre-plaqué fait amplement l'affaire. Pour le reste se munir d'un ruban de papier gommé ou de kraft encollé, d'une paire de ciseaux, d'une éponge et procéder comme suit : 

1° - Coucher la feuille sur la planche et en mouiller, à l'aide d'une éponge humide, régulièrement la surface. Le papier doit être bien imprégné sans pour autant être détrempé. Pour une feuille plus épaisse, la retourner délicatement et en mouiller de même façon l'envers. Selon la qualité du papier et l'effet recherché la feuille peut être utilisée telle quelle sans aucune préparation ou mouillage préalable.

2° - Couper à bonne longueur quatre bandes de kraft gommé et les passer sous l'éponge humide pour en permettre l'adhérence.

3° - A partir d'un des grands côtés, poser un premier ruban, qui débordera d'au moins 1 cm sur la feuille de papier, et le fixer sur tout son long en lissant avec une éponge. Opérer de même façon sur le côté lui faisant face, puis sur les bords restants.

4° - Après séchage, les fibres du papier se rétractant tendent et aplanissent le support.

 

Encollage du papier

     Afin d'atténuer le pouvoir d'absorption du support, papier ou carton, ou d'en accroître la luminosité, il est possible de recourir à un léger encollage. On emploie généralement des colles animales, de type colle de peau, ou la gomme arabique.

 

a - Encollage à la colle de peau

Ingrédients : - Colle de peau ou gélatine en plaque ou en poudre : 2 à 3 grammes.

                        - Eau : 100 grammes.

1° - Après l'avoir concassée, laisser gonfler la colle 24 heures dans l'eau froide, puis faire chauffer au bain-marie. Insistons sur le fait que bain-marie doit rester chaud durant toute l'opération.

2° - Le mélange bien homogène, étendre la colle sur le support préalablement humidifié et tendu sur planche. La colle est appliquée, à l'aide d'une queue de morue, en une couche légère et uniforme. Une trop forte application aurait pour double effet de lustrer et cartonner le support, empêchant l'absorption des couleurs.

 

b - Encollage à la gomme arabique

Ingrédients : - 7 à 10 grammes de gomme arabique en poudre ou à défaut en morceaux.

                        - Eau : 100 grammes

 1° - Faire dissoudre la gomme dans l'eau tiède. Si la gomme est mêlée d'impuretés, la faire fondre dans un nouet de mousseline que l'on immerge, l'espace d'une nuit, suspendu au récipient. Pour éviter qu'elle ne fermente, y adjoindre quelques gouttes de formol, à raison d'un cm3 par litre.

2° - Appliquer cette solution au spalter (poils de poney ou de chèvre) sur l'entière surface de son papier que l'on a préalablement tendu sur planche. Laisser sécher en profondeur.

 

Coloration du papier

     En raison de sa forte opacité et une légère tendance à blanchir, la gouache, tout comme la peinture à l'huile, se prête volontiers aux supports colorés. Ce peut être tout bonnement une feuille blanche que l'on recouvre d'un jus de couleur indélébile et non grasses (encre de Chine, peinture acrylique) ou un papier demi-teinte acquis tel quel dans le commerce.

     Dans le cas d'une coloration artisanale tendre d'abord sa feuille sur planche ou sur châssis et la couvrir, pendant qu'elle est encore humide d'un jus de couleur que l'on étend uniment à l'aide d'un spalter doux. Pour des effets plus atmosphéristes, choisir un gros pinceau rond, genre queue de morue, que l'on applique de manière vibrante afin d'en garder l'empreinte.

     La base colorante peut être tout simplement un lavis d'encre, de gouache ou d'aquarelle, à moins qu'on ne préfère une couche de peinture acrylique dont l'avantage est d'être indélébile. Le choix de la teinte et de sa densité est naturellement fonction des valeurs, de la gamme chromatique et du genre de lumière souhaités.

     Dans la pratique, l'avantage des fonds colorés est d'offrir une certaine unité chromatique par résurgence discrète sous la couche picturale. Ils peuvent aussi servir comme demi-teinte pour un jeu de camaïeu basé sur l'ombre et la lumière. Dans ce cas, seuls quelques jus colorés et rehauts de lumière suffisent à créer la forme.

 

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Etude peinte sur papier demi-teinte orangé, coloré dans la masse.

 

3 - Autres supports

 

Cartons- De manière générale, le carton s'emploie dans les mêmes conditions que le papier. Pour éviter toutefois que les couleurs ne s'emboivent, isoler la surface des cartons les plus absorbants - ceux d'emballage en particulier - d'une couche de colle de peau ou de peinture acrylique. A moins que le praticien ne souhaite jouer de l'absorption du support pour une couverture plus mate et une gamme chromatique assourdie. Il est également possible d'en varier la teinte par des teintures, voire d'en éclaircir ou blanchir la surface à l'aide de peinture acrylique.

 

Papyrus  - Excellent matériau, souple et résistant, le papyrus se prêt volontiers aux techniques de détrempe. En raison de sa belle couleur blonde et de sa trame irrégulière, beaucoup d'artistes préfèrent à une couverture totale une application partielle de couleur, réservant généralement, selon une antique tradition, la surface originelle du matériau aux fonds. Employé le plus souvent tel quel, il est toutefois possible de le teindre en surface à l'aide d'encre de Chine.

 

Étoffes- Toiles de soie, de lin ou de coton, tendues préalablement sur châssis, sont susceptibles d'être recouvertes de peinture à la gouache. Si la fibre refuse les couleurs, mêler à ces dernières du fiel de boeuf.  Si, au contraire,  le tissu diffuse les teintes, ne détremper la couleur que très modérément, autrement dit guère au-delà du juste nécessaire pour en permettre l'application. Il est possible de pallier cet inconvénients en encollant la surface d'une légère colle de peau. Mais ce que le support gagne alors en réceptivité, se fait au détriment de la plasticité des fibres.

     Le gouachiste peut également  faire usage de toiles apprêtées pour la peinture à l'huile, à condition que l'enduit en soit absorbant et non gras. Exclure de fait les enduits gras à base de céruse. Seuls les enduits synthétiques - qualifiés d'universels - ou, mieux encore, à base de colle de peau sont adaptés à cet usage.

 

Parchemin  - Le parchemin, tout comme le papyrus, constitue parmi les plus anciens supports de la gouache. La meilleure qualité est fournie par la peau des veaux blancs morts-nés, le vélin. Son emploi exige qu'il soit bien tendu et dégraissé. A cette fin, en rincer délicatement la surface avec un tampon d'étoffe imbibé de vinaigre, puis essuyer tout aussitôt avec un chiffon sec. Si les couleurs refusent, y mêler un peu de fiel de boeuf.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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G
Bonjour,<br /> Merci pour les équivalences de dimensions raisin/cm
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